Accueil > Conseils > Culture sous serre > Comment se débarrasser des punaises de jardin ?

Comment se débarrasser des punaises de jardin ?

Conseils pour se débarrasser des punaises de jardin

par Antoine de France Serres

Le

- Mis à jour le

Les punaises de jardin sont particulièrement actives à la fin de l’été et en automne. À la recherche de nourriture, certaines d’entre elles peuvent alors causer d’importants dégâts au potager et dans votre serre. Comment identifier les punaises les plus nuisibles et les éliminer avant leur prolifération ?

Les Hétéroptères, ou punaises, comprennent une grande diversité d’espèces, dont certaines sont fréquemment observées dans les jardins. Si quelques-uns de ces insectes peuvent être carnivores, la plupart sont phytophages et se nourrissent de la sève des plantes. Les punaises de jardin utilisent pour cela leur rostre, un appareil buccal en forme de stylet, pour percer les tiges, les feuilles, ou les fruits et en extraire les liquides nutritifs.

Heureusement, la grande majorité se limite aux milieux naturels et ne cause aucun dommage aux cultures. Quelques espèces sont même des auxiliaires utiles et bénéfiques pour le contrôle de certains ravageurs. Malgré tout, plusieurs punaises sont connues pour s’attaquer massivement aux plantes, jusqu’à ravager toute une culture. D’où l’importance de savoir distinguer les punaises inoffensives des punaises « nuisibles ».

Le réchauffement climatique, allié des punaises de jardin

L’augmentation des populations de punaises de jardin ces dernières années est un phénomène de plus en plus observé. Plusieurs facteurs sont en jeu, mais le réchauffement climatique semble jouer un rôle prépondérant.

Un climat plus doux et des hivers moins rigoureux permettent en effet aux punaises d’être actives plus longtemps. Surtout, ces conditions plus clémentes leur permettent de coloniser de nouvelles régions au nord de la Loire, auparavant trop froides.

Reconnaître les espèces de punaises les plus fréquentes

Beaucoup de punaises se ressemblent et l’identification précise des différentes espèces peut être complexe. Il est souvent nécessaire d’observer attentivement leur morphologie, leur coloration et leurs plantes hôtes.

1) Punaises nuisibles

Le nombre d’espèces de punaises véritablement redoutables pour nos cultures est assez limité :

Punaise verte ponctuée (Nezara viridula)

Punaise verte ponctuée (Nezara viridula)
  • Description : De couleur verte, cette punaise présente trois petites taches blanches encadrées par deux petits points noirs qui lui valent le nom de punaise verte « ponctuée ». Elle peut parfois avoir des nuances brunâtres.
  • Dégâts : Nezara viridula s’attaque à de nombreuses cultures, notamment les tomates, les haricots, les poivrons, et les aubergines. En se nourrissant, elle provoque des taches sur les fruits et légumes et réduit grandement leur qualité.
  • Confusion fréquente : Souvent confondue avec la punaise verte des bois (voir plus bas).

Punaises rouge du chou (Eurydema sp.)

Punaise du chou (Eurydema sp.)
  • Description : Il existe deux espèces de punaises rouge du chou (Eurydema ornata et Eurydema ventralis). Faciles à reconnaître avec leurs couleurs rouge et noir, elles s’attaquent aux crucifères (choux, navets, radis) et mesurent généralement quelques millimètres de long.
  • Dégâts : Elles piquent les feuilles et les tiges, en provoquant des taches, un jaunissement et des déformations.
  • Confusion fréquente : Peuvent être confondues avec les punaises gendarmes (voir plus bas).

Punaise verte du chou ou punaise potagère (Eurydema oleracea)

Punaise potagère (Eurydema oleracea)
  • Description : Contrairement à ses cousines les punaises rouge du chou, la couleur de la punaise potagère peut varier du vert foncé au jaune, avec des taches plus claires. Comme les autres punaises des choux, elle mesure quelques millimètres de long.
  • Dégâts : Les dégâts causés par Eurydema oleracea sont similaires à ceux des autres espèces de punaises des choux : marques de piqûres, déformations des feuilles, jaunissement et chute des feuilles, croissance ralentie…

Punaise diabolique ou punaise marbrée (Halyomorpha halys)

Punaise diabolique (Halyomorpha halys)
  • Description : Cette espèce invasive originaire d’Asie est présente en France depuis 2012. Elle est de couleur brun grisâtre avec des motifs marbrés sur le dos et mesure environ 1,5 cm.
  • Dégâts : Elle s’attaque à une grande variété de plantes, y compris les fruits, légumes, et plantes ornementales. Ses piqûres causent des déformations et des taches sur les fruits et légumes
  • Confusion fréquente : Ressemble fortement à la très commune punaise nébuleuse (Raphigaster nebulosa). Certains détails permettent tout de même de les distinguer (voir lesquels sur ephytia.inra.fr).

2) Punaises peu problématiques ou utiles

Quelques exemples de punaises inoffensives ou bénéfiques (auxiliaires) :

Punaise verte des bois (Palomena prasina)

Punaise verte des bois (Palomena prasina)
  • Description : Comme son nom l’indique, cette punaise est de couleur verte (virant au brun en hiver) et mesure environ 1 à 1,5 cm. C’est une espèce très commune, dont on observe le plus souvent que des individus isolés.
  • Dégâts : Bien qu’elle puisse se nourrir de diverses plantes, elle ne cause généralement pas de dégâts importants dans les jardins et potagers. Elle préfère les haies et les forêts, où elle se nourrit de plantes sauvages.
  • Confusion fréquente : Souvent confondue avec la punaise verte ponctuée.

Punaise des baies (Dolycoris baccarum)

Punaise des baies (Dolycoris baccarum)
  • Description : La coloration générale varie du pourpre au brun, avec une fine ponctuation noire. Le scutellum (partie triangulaire à l’arrière du thorax) est généralement de couleur jaune ocre, surtout à l’extrémité. Assez grande pour une punaise, elle mesure environ 1 à 1,5 cm de long.
  • Dégâts : Comme son nom l’indique, elle affectionne les fruits rouges (fraises, framboises) qu’elle pique et rend impropres à la consommation. Ses dégâts restent très limités.

Punaise Arlequin (Graphosoma italicum)

Punaise arlequin ou graphosome rayé (Graphosoma italicum)
  • Description : Cette punaise est facilement reconnaissable à ses rayures rouges et noires. Elle mesure environ 1 cm.
  • Dégâts : Bien qu’elle se nourrisse de plantes de la famille des Apiacées (comme les carottes et le fenouil), elle ne cause généralement pas de dommages significatifs. Son impact est plutôt limité, et elle ne représente pas une menace majeure pour les cultures.

Corée marginée (Coreus marginatus)

Punaise corée marginée (coreus marginatus)
  • Description : La Corée marginée est une punaise discrète mais facilement reconnaissable grâce à sa coloration brune uniforme et à ses bords d’abdomen saillants.
  • Dégâts : Bien qu’elle puisse causer quelques dégâts aux plantes, elle n’est généralement pas considérée comme un ravageur majeur. Les dégâts causés par cette punaise sont généralement limités et ne mettent pas en danger la survie des plantes.

Gendarme (Pyrrhocoris apterus)

Punaise gendarme (Pyrrhocoris apterus)
  • Description : La punaise gendarme (Pyrrhocoris apterus) est un insecte hétéroptère très connu pour sa coloration vive et caractéristique. Son nom commun lui vient de sa livrée rouge et noire qui évoque l’uniforme d’un gendarme. Relativement petite, elle mesure environ 10 mm de long. Les gendarmes vivent souvent en grands groupes.
  • Dégâts : Bien qu’elle puisse causer quelques dégâts mineurs aux plantes, elle joue un rôle important dans l’écosystème en se nourrissant de petits insectes morts.

Nesidiocoris tenuis

Punaise Nesidiocoris tenuis
  • Description : Nesidiocoris tenuis est une punaise relativement petite qui possède un corps allongé et étroit, typique des punaises de la famille des Miridés.
  • Intérêts et dégâts : Nesidiocoris tenuis est utilisée comme auxiliaire pour lutter contre les aleurodes, notamment dans les cultures de tomates et d’aubergines. Cependant, en cas de fortes populations elle peut causer des dégâts importants aux cultures en se nourrissant de la sève des plantes. Elle peut alors être considérée comme un ravageur.

Identifier leurs dégâts

Pour se nourrir, les punaise de jardin transpercent les tissus des végétaux à l’aide de leur stylet, pour aspirer la sève de la plante. Ces blessures favorisent souvent le développement de maladies (mildiou…) et entraînent des malformations des fruits et des graines, en retardant la maturation. De plus, la salive injectée par l’insecte provoque des nécroses et des pourritures, qui peuvent alors se transmettre à toute les cultures. Les symptômes varient en fonction de l’espèce de punaise et de la plante attaquée, mais voici quelques signes caractéristiques :

  • Taches : Des taches décolorées, souvent circulaires, apparaissent sur les feuilles, les tiges et les fruits. Ces taches peuvent être jaunes, brunes ou noires.
  • Déformations : Les jeunes pousses et les fruits peuvent être déformés, présentant des excroissances ou des creux.
  • Chute des fleurs et des fruits : Les attaques sévères peuvent provoquer la chute prématurée des fleurs et des fruits.
  • Ralentissement de la croissance : Les plantes attaquées peuvent présenter un développement plus lent et un jaunissement généralisé.
Dégâts de punaises sur des tomates
Exemple des dégâts laissés par des punaises sur une tomate

Lutter contre les punaises nuisibles

1) Le plus important : prévenir la colonisation des cultures

La prévention est la meilleure arme contre les punaises de jardin. En agissant avant qu’une infestation ne se déclare, vous gagnez en efficacité et évitez bien des tracas ultérieurs. Tout d’abord, l’anticipation est bien moins coûteuse en temps et en argent que le traitement d’une invasion de punaises. Ensuite, elle permet de protéger l’environnement en évitant l’utilisation de produits chimiques parfois nocifs pour d’autres espèces utiles.

Retirer les fruits mûrs ou endommagés

Les punaises peuvent être attirées par les fruits mûrs ou endommagés, car ceux-ci sont plus faciles à percer pour en extraire les nutriments. Certaines espèces sont connues pour attaquer les fruits comme les pommes, les pêches et les baies. Maintenez votre potager propre en enlevant les fruits tombés ou pourris pour éviter de les attirer.

Moyens de prévention contre les punaises de jardin

Les empêcher d’atteindre vos plantes

Pour prévenir efficacement les intrusions de punaises, l’installation de filets anti-insectes sur les cultures est la solution la plus efficace. Si ces protections peuvent s’avérer complexes à mettre en œuvre sur un grand potager extérieur, elles sont plus simples à installer sur une serre de jardin. Il suffit pour se faire d’équiper vos ouvertures (portes, fenêtres et autres aérations) d’un filet à mailles fines « insect-proof » ou d’une simple moustiquaire.

Petite astuce : veillez à rabattre le haut du filet vers l’extérieur en formant une poche. Une fois qu’elle heurtent le filet, les punaises se dirigent souvent vers le haut, où elles seront alors retenues dans le replis que vous aurez pris soin de réaliser.

Protection insect-proof contre les punaises sur une serre
Les filets anti-insectes sont le moyen le plus efficace de se prémunir des punaises de jardin

2) Les collecter à la main

La collecte manuelle des punaises est une méthode écologique particulièrement efficace pour les petites infestations. Toutefois, cette méthode comporte des limites. Elle peut s’avérer fastidieuse et chronophage pour de grandes surfaces et les endroits du jardin difficiles d’accès.

Astuce : pourquoi pas utiliser un aspirateur sans fil pour effectuer cette tâche de ramassage ?

3) Pièges à phéromones

Les pièges à phéromone vendus en jardineries sont particulièrement efficaces pour lutter contre les infestations de punaises de jardin, notamment la punaise diabolique. Ces substances chimiques émises naturellement par les punaises pour communiquer entre elles permettent d’attirer spécifiquement l’espèce ciblée. Vous éviterez ainsi de nuire aux autres insectes bénéfiques présents dans votre jardin.

Seuls bémols : L’efficacité des pièges à phéromones peut être influencée par les conditions climatiques. Les températures élevées, le vent et la pluie peuvent dans certains cas diminuer l’attractivité du piège. Ces pièges peuvent aussi représenter un coût non négligeable, surtout pour les grandes surfaces à traiter.

4) Plantes-pièges

Certains tests ont démontré l’efficacité de certains végétaux utilisés comme « plantes-pièges ». Rappel : Une plante piège est une plante cultivée spécifiquement pour attirer et concentrer certains insectes nuisibles, généralement des ravageurs de cultures. L’objectif est de détourner ces insectes de la culture principale en les attirant vers la plante-piège.

À cet effet, certains tests effectués en Suisse ont montré l’efficacité de plates-bandes de luzerne comme plantes-pièges sur certaines espèces de punaises ravageuses. Une fois attirées par la luzerne, l’application de pyrèthre permet de tuer les nuisibles et de limiter ainsi l’infestation des cultures à protéger.

5) Répulsifs

Pour éloigner les punaises de votre jardin, vous pouvez miser sur des solutions naturelles. Certaines plantes, comme la menthe, l’absinthe, l’ail et le romarin, dégagent des odeurs qui les repoussent naturellement. En les plantant en bordure de votre potager, vous créerez une barrière olfactive efficace.

Vous pouvez également préparer des purins à partir de ces plantes. Il suffit de faire macérer les feuilles dans de l’eau, de filtrer et de pulvériser sur vos végétaux. L’ail et le piment, mélangés, forment un duo redoutable contre les punaises grâce à leur odeur forte et à la capsaïcine du piment.

Le savon noir dilué dans de l’eau peut aussi être utilisé en pulvérisation. Tout comme l’huile de neem, qui possède des propriétés insecticides et répulsives.

6) Parasites naturels

Les insectes parasitoïdes sont de véritables prédateurs naturels des punaises de jardin. Ces minuscules alliés pondent leurs œufs à l’intérieur ou sur le corps des punaises. Une fois écloses, leurs larves se nourrissent de leur hôte, le tuant progressivement. Par exemple, la guêpe parasitoïde Trissolcus basalis est la plus couramment utilisée contre les punaises vertes ponctuées Nezara viridula.

Notez toutefois qu’en raison de leur coût élevé, l’utilisation d’insectes parasitoïdes contre les punaises de jardin reste principalement réservée aux professionnels.

œufs pondus par un parasite sur une punaise verte ponctuée (Nezara viridula)
Œufs pondus par un parasite sur la tête d’une punaise verte (Nezara viridula)

Insolite : les punaises de jardins, un met délicat au Mexique !

Dans la gastronomie mexicaine, les insectes tiennent une place particulière. Les jumiles, de petites punaises des montagnes des États de Morelos et de Guerrero, en sont un exemple emblématique. Ces insectes, souvent dégustés dans des tacos ou simplement avec une tortilla sont consommés depuis des générations. Leur saveur, qui se rapprocherait de celle de la cannelle, offre une expérience gustative inoubliable.

Les punaises de jardin sont consommées au Mexique
Au Mexique, les punaises finissent parfois à la casserole !

Source : https://es.wikipedia.org/wiki/Jumil

Questions fréquentes

Qu’est-ce qui attire les punaises à l’intérieur des maisons ?

Les punaises sont souvent attirées à l’intérieur de nos habitations à la recherche d’un abri pour l’hiver. Les fissures dans les murs ainsi que les ouvertures autour des fenêtres et des portes offrent autant de voies d’accès. Les serres de jardin sont aussi un lieu de dormance idéal pour les punaises (au printemps, veillez à les en faire sortir avant d’y effectuer vos premières cultures).

Quels sont les prédateurs des punaises ?

De nombreux animaux se nourrissent de punaises, ce qui explique leur rôle crucial dans l’équilibre naturel. Parmi eux, on trouve divers oiseaux comme les mésanges, les rouges-gorges ou les hirondelles qui sont capables de les attraper en vol. Dans le monde des insectes, les réduves, de redoutables prédateurs, ainsi que les larves de coccinelles et les fourmis ne dédaignent pas un festin à base de punaises. Les araignées, avec leurs toiles, les capturent également. Même certains petits mammifères insectivores, comme les musaraignes ou les chauve-souris, peuvent inclure les punaises à leur régime alimentaire.

Les punaises piquent-elles ?

Non, les punaises de jardin ne piquent pas les humains. Leur régime alimentaire se compose principalement de la sève des plantes, et leur rostre est d’ailleurs adapté pour percer les végétaux, pas notre peau.

D’où vient la mauvaise odeur des punaises ?

Lorsque les punaises se sentent menacés, elles sécrètent par leurs glandes une substance chimique (dont des aldéhydes et des acétates) dans le but de repousser leurs prédateurs (d’où leur nom anglais de « stink bug » ou « punaise puante »). En émettant cette odeur forte et désagréable, elles dissuadent les prédateurs potentiels, comme les oiseaux, de les consommer. Cette odeur n’est toutefois pas dangereuse pour l’homme.

Vous avez aimé cet article ?

Soutenez le travail de nos rédacteurs :

Soutenez le travail de nos rédacteurs en le partageant :

Vos commentaires

Laisser un commentaire


inscription newsletter

Soyez les premiers informés

Recevez notre lettre d'information* une fois par mois sans engagement.

*Désinscription possible à tout moment

inscription newsletter

Soyez les premiers informés

Recevez notre lettre d'information* une fois par mois sans engagement.

*Désinscription possible à tout moment