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Maîtriser l’arrosage d’une serre de jardin (dossier complet)

arrosage sous serre de jardin

par Antoine de France Serres

Le

- Mis à jour le

L’arrosage est un critère majeur de la culture sous serre. Mal effectué, il peut ruiner vos cultures et mettre en péril la bonne santé de votre serre de jardin. Quand arroser ? Comment arroser ? Quels sont les différents systèmes d’arrosage et leurs particularités… France Serres vous explique tout pour maîtriser l’irrigation comme un pro.

Spécificités de l’arrosage sous serre

L’arrosage est un critère contrôlable, et le facteur de pousse qui déterminera le plus la qualité de vos cultures sous serre. À la différence des plantes de votre potager extérieur, vos plantations sous abri ne sont pas soumises aux précipitations. Vous seul devrez subvenir à leurs besoins en eau. En d’autres termes, si vous les arrosez mal, vos fruits et légumes ne donneront pas le meilleur d’eux-mêmes. Et si vous ne les arrosez pas, vos plantes mourront inévitablement.

Mais l’arrosage dans une serre de jardin est moins facile qu’il n’y parait. Comme en plein air, les plantes sous abri sont elles aussi soumises à des conditions variables. Selon la saison, l’heure et l’ensoleillement, la température mais aussi le taux d’humidité varieront. Vous devrez donc composer avec ces fluctuations pour arroser au plus juste.

Conséquences d’un mauvais arrosage

Croissance limitée des racines

Un déficit d’eau entraîne toujours un mauvais développement des racines. Celles-ci souffriront également d’une plus grande faiblesse qu’une plante bien arrosée.

Pousse inégale des plants

Un bon arrosage passe par un arrosage régulier. S’il faut tenir compte des variétés, il est aussi important d’assurer le même apport en eau à l’ensemble des plantes.

Jaunissement ou perte de feuilles

Une plante qui perd ses feuilles ou qui présente un jaunissement du feuillage est souvent le signe d’un manque d’eau.

Développement de maladies

Trop d’eau ou un arrosage inadapté peuvent entraîner le développement de maladies cryptogamiques (mildiou, oïdium…).

Salinisation du sol

Un arrosage trop superficiel augmentera la salinité de votre terre. La plus forte évaporation sous abri engendre en effet la remontée des sels contenus en profondeur du sol vers la surface. Ce phénomène de salinisation sous serre est un problème méconnu des jardiniers, et pourtant redoutable pour vos rendements et pour la santé de vos plantations.

Mauvais aspect

Très fréquemment observé sur les tomates, un sous-arrosage ou un sur-arrosage peuvent entraîner un aspect inhabituel des fruits, voire leur éclatement complet.

Mauvais rendements

Le manque d’eau ne permet pas à la plante d’alimenter ses fruits suffisamment, entraînant un développement réduit, anormal, voire rachitique. Certains jardiniers novices auront alors tendance à augmenter la dose d’engrais quand il faudrait simplement accroître l’apport en eau.

Manque de goût

Certaines variétés de fruits ou légumes peuvent devenir totalement insipides en cas de trop grande irrigation. D’autres développeront à l’inverse une amertume désagréable en cas de manque d’eau (lire le paragraphe sur l’arrosage du concombre par exemple).

Montée en graine précoce

Le manque d’eau, appelé stress hydrique, entraîne très souvent une montée en graines. C’est un phénomène fréquent sur les cultures de salades, qui les rend malheureusement immangeables.

conséquences manque arrosage serre
Conséquences bien visibles d’un manque d’eau sur des plantes

Savoir quand arroser

Rien ne remplace l’expérience du jardinier pour savoir à quel moment arroser. Les novices pourront se fier à certains indices pour savoir s’il est temps de procéder à un arrosage.

Premier indicateur : jetez un œil à la couleur de la terre. Une terre humide est plus foncée qu’une terre sèche. Grattez la terre sur quelques centimètres pour vérifier que le sol est encore suffisamment humide. Ensuite, une plante qui a « soif » montre généralement quelques signes extérieurs :

  • Feuillage tombant
  • Feuilles recroquevillées ou enroulées
  • Tiges sèches

En cas de doute, retenez-vous d’arroser à tort. Une plante souffrira davantage d’un excès d’eau que d’un manque. Vérifier de nouveau le lendemain est souvent la meilleure décision.

Connaissez-vous la tarière ?

Une tarière est un outil servant, entre autres, à vérifier l’efficacité de l’arrosage. Il permet de carotter votre sol pour s’assurer de l’état du sol en profondeur. Très simple d’utilisation, il vous suffit de planter la tarière dans le sol de votre serre (procédez à différents endroits).

Vous pourrez ainsi vous assurer que les basses couches sont suffisamment humides. Dans le cas contraire, augmentez la quantité d’eau versée durant l’arrosage.

tarière outil jardin

Les facteurs qui influencent l’arrosage

1. Tenir compte de la saison et du climat

En hiver comme en automne, les températures modérées vous permettront d’espacer l’arrosage de vos cultures. Une irrigation tous les deux jours voire quelques jours par semaine suffira. En revanche, pensez à bien aérer votre serre afin de maintenir un taux d’humidité pas trop important.

À l’inverse, en cas de forte chaleur, souvent dès le printemps et durant tout l’été, adaptez logiquement le besoin en eau de vos plantations. Un arrosage quotidien sera nécessaire, voire deux en cas de chaleur durable.

2. Tenir compte de la perméabilité du sol

La nature du sol agira sur sa capacité à retenir l’eau. Une terre sablonneuse ou contenant des cailloux aura une moins bonne rétention. Elle sera plus perméable et aura tendance à sécher plus rapidement. Malheureusement, le sol sera aussi moins riche en nutriments puisque sa texture ne permettra pas de les maintenir. Ils seront comme lessivés à chaque arrosage.

À contrario, une terre argileuse agira un peu comme une éponge. Vous aurez donc moins fréquemment besoin d’arroser vos plantes si la terre de votre serre a tendance à conserver l’eau que vous y versez.

Vous avez un doute ? Inspectez le sol de votre serre au moyen d’une tarière (voir encart plus haut). En cas de sol trop sablonneux, sachez qu’il est possible de corriger la composition de votre sol en y ajoutant de la bentonite. Ajoutée sans excès, cette argile naturelle permettra d’amender le sol et d’améliorer ainsi la rétention d’eau.

3. Tenir compte des variétés de plantes

Chaque type de plante de votre serre aura des besoins différents. Certaines espèces sont plus gourmandes en eau comme la plupart des variétés possédant de grandes feuilles. Sauf exceptions (chou de Bruxelles, artichaut…), les espèces qui possèdent une large surface foliaire ont naturellement une plus grande évapotranspiration.

De même, certaines plantes possèdent des racines superficielles qui ne leur permettent pas d’aller chercher l’eau en profondeur. Ce sont aussi ces plantes qui ont besoin d’être irriguées plus souvent. Privilégiez donc un arrosage fréquent mais pas trop en abondance.

À l’inverse, pour les espèces possédant des racines profondes, arrosez moins souvent mais de façon plus abondante. Ces variétés auront la capacité d’aller puiser l’eau en profondeur et seront donc moins dépendantes de l’arrosage que vous leur fournirez.

Les besoins en eau selon la variété de fruits et légumes

Besoins importants en eau :
Besoins faibles en eau :

Sachez enfin que les variétés anciennes, bien que plus difficiles à trouver, supportent mieux le manque d’eau que les variétés modernes. Leurs gênes « plus robustes » les rendent aussi plus sobres.

4. Tenir compte du stade de développement

L’irrigation doit s’adapter aux besoins spécifiques des plantes selon leur stade de développement. Aussitôt après le semis, évitez d’arroser en trop grande abondance. Vous éviterez de déterrer les jeunes plants involontairement. À cet effet, privilégiez l’arrosage doux par aspersion, avec un arrosoir à pomme ou autre.

Même chose les 15 à 20 premiers jours : limitez l’irrigation excessive de façon à laisser les racines se développer. En les forçant à aller en profondeur, vous favorisez un enracinement fort, essentiel à une bonne croissance.

Au stade de jeunes pousses, continuer à arroser sans excès de manière à éviter de noyer les racines. Vous éviterez aussi de lessiver un sol sans racines assez puissantes pour le retenir.

Durant la période de maturité, fruits et légumes ont davantage besoin d’eau qu’en phase de croissance. Arrosez environ deux fois plus à ce moment-là. Attention toutefois à ne pas surirriguer certaines variétés au risque de leur faire perdre toute leur saveur (par exemple les tomates).

« Un binage vaut deux arrosages »

Biner la terre de votre serre permet d’ameublir le sol et facilite ainsi la pénétration de l’eau en profondeur. Sachez que même un sol riche peut avoir de mauvais rendement s’il est trop compact. Facilitez le développement des racines en l’ameublissant par le binage. Faites ce travail en profondeur de temps en temps pour une meilleure irrigation.

Autre avantage du binage : il permet d’éliminer les mauvaises herbes qui capteraient l’eau à la place de vos plantes potagères.

5. Arroser au bon moment

De façon générale, les plantes ont davantage besoin d’être arrosées le matin. C’est à ce moment de la journée, environ 2 heures après le lever du soleil, que les plantes sont les plus actives.

Si le temps est chaud, arrosez également le soir de façon à compenser l’évaporation qui s’est produite la journée. Évitez toutefois de trop arroser en soirée. Noyer les plantes équivaudrait à asphyxier les racines.

Profitez de la pente naturelle du terrain

Comme précisé précédemment, toutes les plantes n’ont pas les mêmes besoins en eau. Regroupez par zones les plantes sobres d’un côté et les plantes plus gourmandes en eau de l’autre.

Si votre jardin bénéficie d’une inclinaison naturelle, profitez de la pente pour arroser de façon indirecte les plantes de la zone la plus basse. Vous n’aurez qu’à arroser la zone haute et profiterez du ruissèlement naturel. Résultat : moins d’efforts et moins d’eau gaspillée.

arrosage en pente

Comment bien arroser sous serre

Maintenant que vous savez à quel moment arroser vos plantations, encore faut-il le faire correctement. Irriguer avec précautions évitera de nombreux problèmes.

1) Arroser le pied des plantes

De nombreuses variétés ne supportent pas l’arrosage des feuilles. Elles risquent de développer des maladies cryptogamiques (oïdium, mildiou…) si le feuillage reste mouillé. Privilégiez toujours un arrosage au pied des plantes, qui permettra d’irriguer davantage le sol en profondeur.

2) Arroser avec une eau tempérée

Un choc thermique n’est jamais bon pour une plante. Privilégiez une eau tempérée, ni trop froide ni trop chaude. Vos plantations vous diront merci, tout comme leurs précieux alliés biologiques (vers de terre…).

3) Apporter la bonne quantité d’eau

Comme vu précédemment, chaque variété a besoin de plus ou moins d’eau. Pour les variétés de pleine terre, inspectez la terre pour savoir quand arroser. Pour les plantes en pot, verser en eau l’équivalent d’environ 10% du volume du pot. Par exemple un pot de 10 litres nécessitera 1 litre.

4) Utiliser le paillage

En cas de forte chaleur, le meilleur moyen de limiter l’évaporation excessive consiste à pailler vos plantations. Le paillage permet ainsi d’espacer les arrosages, sans compter tous les autres bénéfices qui l’accompagnent : régulation de la température, lutte contre les mauvaises herbes…

5) Utiliser de l’eau de pluie

En dehors du fait que l’eau est un bien précieux, utiliser l’eau de pluie de récupération n’offre que des avantages :

  • Économies d’eau (plus ou moins importantes selon la taille de la serre)
  • Moins forte « dureté » de l’eau du robinet, plus riche en calcaire. Cela évitera de boucher vos systèmes d’irrigation de type goutte à goutte
  • Température d’irrigation tempérée de façon à éviter les chocs thermiques

La seule dépense liée à l’utilisation d’eau de pluie se limitera à l’achat d’un système de récupération. Les plus bricoleurs pourront bien sûr fabriquer eux-mêmes leur récupérateur d’eau de pluie artisanal.

Les différents systèmes d’arrosage

1. Arrosage manuel

L’arrosage manuel est le plus simple mais aussi le plus long. Un simple arrosoir suffira, alimenté par un tuyau d’arrosage pour éviter les allers et retours fastidieux. Gardez un œil sur le tuyau d’arrivée d’eau afin d’éviter d’endommager certains plants.

Très économique pour les petites serres tunnel, l’arrosage manuel est par contre plus fatiguant, voire inenvisageable si vous possédez une serre professionnelle de grande dimension.

Dernier risque lié à l’arrosage manuel : la tendance à arroser plus qu’il ne faut. Pensez à bien aérer dès que vous constatez de la buée sur les parois de votre serre. Vous empêcherez ainsi de nombreux problèmes engendrés par l’humidité.

2. Arrosage automatique

Le matériel d’irrigation automatique offre de nombreux atouts. Plus économe en eau, il offre un gain de temps considérable passée la phase d’installation. Surtout, il répond au plus juste aux besoins en eau de vos plantations en éliminant le risque de sur-arroser ou de sous-arroser. Dernier atout de l’arrosage automatique : il peut même être utilisé en cas d’absence prolongée.

Ci-dessous les principaux équipements d’irrigation automatiques.

Goutte à goutte

Ce mode d’arrosage très ciblé, au pied des plantes, permettra d’abreuver précisément vos plantations sans risquer de mouiller leurs feuillages. Constitué de tuyaux microperforés ou équipés de capillaires, ce système fournira la même quantité d’eau à vos différentes plantes. Vous pourrez bien sûr augmenter ou diminuer l’apport au cas par cas. C’est le mode d’irrigation parfait pour la culture des tomates !

Seule précaution de l’arrosage au goutte à goutte : évitez d’arroser toujours le même côté de vos plantes. En apportant plus d’eau aux racines d’un côté, vous risquez de sous-alimenter l’autre partie des racines en nutriments. Pour palier à ce risque de déséquilibre, changez simplement le tuyau de place de temps en temps. Mieux encore : installez deux lignes de goutteurs de part et d’autre de vos plants.

Les systèmes goutte à goutte sont fréquemment couplés avec un minuteur de façon à réguler l’arrosage Le fonctionnement se fait au moyen d’une pompe à énergie solaire.

Enfin, les buses d’arrivée d’eau doivent être inspectées régulièrement afin de s’assurer qu’aucune ne soit obstruée par du calcaire ou des particules de terre.

Aspersion

Plus répandus dans les serres professionnelles que dans les serres pour particuliers, les systèmes d’aspersion impliquent davantage d’investissements.

C’est un mode d’arrosage par le haut, très doux, qui d’une certaine manière reproduit les précipitations naturelles. Il ne présente aucun risque de lessivage ni de perturbation des racines. Il est plutôt réservé aux cultures nécessitant un taux d’humidité important. Vous le rencontrerez sur les cultures de semis et systématiquement à l’intérieur des serres tropicales. En résumé, sur toutes les plantes ayant de gros besoins en eau, qui ne craignent pas les maladies fongiques dues au feuillage mouillé.

Mixer les systèmes selon le stade de développement des plantes

Démarrez par le système de goutte à goutte puis passez à l’arrosage par aspersion. Cette technique est fréquemment employée par les professionnels sur les cultures de courgettes et dans les serres à tomates pour éviter la surconsommation d’eau.

arrosage selon le stade de développement des plantes

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